Donc RDV est pris avec Lucile au théâtre 14. Je suis la première arrivée, le théâtre semble modeste. Je fais un peu la queue. Quand c’est mon tour, (d’un ton plutôt enjoué ma foi) je dis au type à l'accueil :
-Benoit Solès a dû garder deux places pour moi et une copine, je suis sitcomologue !
Le bonhomme (heureux d’être en vie et sur terre
), interloqué, le sourcil en accent circonflexe (quoi, scientologue ?) me demande de décliner mon identité et me donne le petit ticket en soupirant. Lucile n’étant toujours pas arrivée, je lui explique qu’une copine doit me rejoindre.
-Mais c’est sûr ? Elle viendra, ELLE ? (hum…la nouvelle de l’absence du Duke à fait le tour de Paris à ce que je vois…)
-Oui, oui, elle arrive !
Ils font rentrer les dernières personnes dans la salle et toujours pas de Lucile. On m’oblige à rentrer. (Luciiiiiiile ! Lucile dépêches toooooi on ne vit, on ne meurt qu’une fooooois)
Le décor sur la scène est sobre : noir, rideaux rouges un tabouret. Les lumières s’éteignent. Benoit Solès est déjà assis sur le tabouret (putain mais comment il a fait ça ? C'est un ninja?
) et sa voix grave, puissante s’élève. Même 12 rangs plus loin, son regard turquoise nous transperce (et pourtant je suis myope). Il est habillé en noir, tiens un verre à la main et commence son récit. Tiens, je vais peut-être me mettre à l’écouter et arrêter de fantasmer, je suis là pour ça quand même !
Je mets ici un spoiler si jamais y en a qui veulent aller le voir :
- Spoiler:
Il nous raconte donc la mort de sa fille, de 8 mois je crois ( ?), enfin bref un bébé. Le processus de l’enquête, de deuil, une chose très douloureuse. De plus cet homme a des ennuis au travail, il y a des licenciements en vue. On se prend une gifle lorsque l’on apprend qu’il aurait pu empêcher la mort de sa fille et que pour s’attirer la sympathie de ses supérieurs, il a laissé sa fille mourir, afin d’éviter le licenciement qu’un ami lui avait pressenti (et on saura également que sur ce point c’était une blague du dit ami). Une gifle donc.
Tout ça, Solès nous le raconte avec un ton juste, on n’a pas l’impression d’être au théâtre mais dans un bar en sa compagnie et que, écroulé sous les remords, il allège sa conscience avec cette confession.
Une fois son monologue terminé, il se lève et disparaît sous les applaudissements.
Vient ensuite le tour de Sarah Biasini. Elle aussi habillée de noir (si je me rappelle bien)…
Assise sur le tabouret, elle aussi nous confesse une histoire :
- Spoiler:
Plus jeune (13 ans), alors qu’elle est en sortie avec sa classe en visite à un aquarium, elle se fait draguer par son prof. Méchamment draguer. Il y a des attouchements. Elle, qui prend ça pour un geste d’amour, ne comprend plus quand le prof l’ignore après cet épisode. Plus tard, il la ramène chez elle et commence une histoire entre eux. Ils vont à des rendez-vous, s’échangent des cadeaux. Il la met enceinte à 14 ans, et lorsqu’elle lui annonce, il prend bien la chose et se réjoui d’avoir un enfant…et se casse. Il déménage, elle n’entendra plus parler de lui. Elle lui écrit quand même des années plus tard après s’être renseignée sur sa nouvelle adresse et apprend qu’il est désormais marié et sans enfants. Elle lui envoie quelques photos de son fils. Lorsque son fils à 13 ans, elle met au point une rencontre avec le père. Elle apprend lors de cette rencontre que sa femme ne peut pas avoir d’enfants. Au retour au motel avec son fils, elle le tue (ou c’est un accident, je ne suis pas sûre). Peut-être une vengeance sur le père, elle lui tue son seul enfant qu’il n’aura jamais eu. Et je remarque qu’il a 13 ans, l’âge où elle-même a perdu son innocence.
Applaudissements.
L’interprétation est bonne, mais moins bonne que Solès dans le sens où je trouvais qu’elle récitait trop. Ca faisait moins naturel que Benoit.
Troisième confession. Cette fois, nous avons le plaisir de voir les deux comédiens ensemble. Ça commence par une danse torride. Solès choppe le cul de Biasini et pas de façon timide, ça je vous le garanti
. En plus, il nous fait un « air fucking » qui me fait fondre dans ma culotte.
Le récit commence.
- Spoiler:
Une sombre histoire d’un couple qui va fêter… merde j’ai oublié quoi…Mais ils vont pour la première fois à New York et sont avec des potes à un hôtel. Les garçons décident d’aller à Central Park pour s’amuser. Et là, au détour d’un buisson, ils tombent sur des homosexuels qui viennent de faire l’amour. Ils décident d’en suivre un jusqu’aux chiottes et l’attire dans un piège. Le protagoniste feint l’intérêt auprès de l’homosexuel (allant jusqu’à lui lécher le menton, sans savoir pourquoi) et appel ensuite ses potes et s’en suit un lynchage qui donne la nausée. Je soupçonne une histoire d’homosexualité refoulée. J’avoue ne pas avoir compris le rôle du personnage de Biasini là-dedans…
Ici, j’ai mieux apprécié le jeu de Biasini, il y a une bonne alchimie entre elle et Solès, ça faisait nettement plus naturel.
C’est fini ! Les comédiens saluent le public, le public applaudis.
Lucile est 2 rangs derrière moi, ils l’ont faite entrer avec d’autres personnes, et ouf, elle n’a rien raté de la prestation de Soles.
Nous attendons dehors Benoit qui sort assez vite. Il discute avec d’autres personnes on n’ose pas le déranger. Il a l’air pressé et effectivement, il met son casque, cours jusqu’à sa moto. Là, on n’hésite plus, il faut absolument le remercier pour les places ! Nous allons jusqu’à lui, on s’arrête car une bonne femme lui parle (mais vas-y casse-toi connasse!
) et là elle lui fait :
-Ah, je crois qu’ y a quelqu’un qui veut te parler !
Il se retourne, pose son regard de ouf sur nous…
-B…B…Bonsoir (tiens, je bégaye, c’est nouveau ça
). On est de la sitcomologie ! On voulait vous dire merci pour les places !
-Ahhh ! Mais de rien ! Alors vous avez aimé ? C’est un peu particulier, non ?
Je sais plus ce qu’on lui a répondu. J’étais en mode *Rhaaa, c'que t'es beau*. Il descend de sa bécane.
-Attendez, j’vais vous faire la bise quand même !
Et donc on a droit à la bise (et lui il a droit à mon pied de patapouf sur son pied que je lui écrase allègrement, mais sans faire exprès, re-
)
Puis il nous dit qu’il est attendu ailleurs, on lui dit qu’il n’y a pas de problème et on le remercie encore. (Tu peux être fier de nous Rasko, nous sommes très polies)
Je ne connaissait pas Benoit Solès, je n'ai jamais regardé "l'école des passions" ni encore vu sa prestation dans "les vacances de l'amour", mais on m'a assuré que c'était un des meilleurs si ce n'est LE meilleurs des comédiens d'AB. Je suis contente d'avoir pu m'en rendre compte ce soir là. Chapeau M. Solès !
Puis resto Italien avec Lucile, on s’est bien marrée grâce au serveur qui demande à Lucile si elle veut du fromage avec ses pâtes aux 4 fromages. On s’échange des anecdotes sur notre vie et AB.
Plus tard, retour à mon Formule 1 miteux.
Excellente soirée, je n’ai pas regretté mon déplacement depuis Lyon. (n’en déplaise au chauffeur de taxi qui a explosé de rire quand il a appris que je venais de Lyon juste pour une pièce)
Ce que j’ai aimé
: La gentillesse de Benoît Soles, la rencontre avec une autre sitcomologue, la pièce bien sûr.
Ce que je n’ai pas aimé
: les deux cornichons qui n’avaient pas éteint leurs portables durant la pièce, schtroumpf grognon à l’accueil, dormir toute seule à l’hôtel…