Commençons par la plus grande injustice de la filmographie des Charlots,
"Les Charlots contre Dracula" ne fera que 550.000 entrées en France,
une bizarrerie que je n'hésiterais pas, et je pèse mes mots et ma ponctuation, à qualifier de scandaleuse!
Comment, leur film le plus absurde en drôlerie et le plus drôle en absurdité, ne ramasse que des miettes?
Monde cruel, ne changeras tu donc jamais oh la la?
Il est interessant de noter par ailleurs que ce film est devenu culte au fil de l'eau et des années,
son invisibilité plaidant sans doute en ce sens, plus jamais diffusé depuis les "Narcisso show" d'M6,
et invisible en dvd comme l'est julien Doré en talent..
Ce classique a été réalisé par jean pierre Desagnat (fils de vincent, le con père de michael Youn),
et nos Charlots eux mêmes ont grandement participé au scénario et aux dialogues
A propos de scénario, dans le cas alléchant qui nous intéresse, on pourrait le pitcher comme ceci :
Dracounet (!) veut la potion de son papa, qui lui permettra de régner sur le monde grace à ses merveilleuses canines,
oui mais voilà, la maman n'est pas d'accord "Tou né féras pas comme ton père" lui dit-elle! Fichtre!
Seule une femme ressemblant trait pour trait à sa mère pourra lui donner THE potion, gentiment posée sur un coussin de soie!
Maman meurt, et notre Dracounet galère encore comme un malade 30 ans plus tard, jusqu'à ce que.....
Gaston Lepope, detective, lui trouve le sosie de sa mère, ouais mais merde c'est la fiancée de Philou!!!
Je n'en dirai pas plus pour ne pas dévoiler l'intenable suspens qui nous étreint par la suite,
un suspens qui ferait passer "Psychose" pour une aimable et innofensive bluette..
Première constatation, Philou est le "héros" du Film
Il entraine ses deux mal-dégourdis dans une course poursuite qui part de la gare de L'est, pour finir au chateau du comte
(et reconnaissons que sur certaines scènes le comte est bon)
Une scène complètement surréaliste en pleine forêt, voit Dieu descendre du ciel avec un accent belge,
pour apporter des frites à nos Charlots affamés
Deuxième constatation, les dialogues flirtent toujours avec la haute voltige, manquant souvent de s'écraser lamentablement,
mais rebondissant on ne sait comment grace à des phrases telles que :
"Si vous approchez cette femme est un homme mort"
"Le téléphone était pas en dérangement, il l'avait caché dans le fromage blanc"
"un mouchoir à pois avec une veste à carreaux? beurk"
"-c'est le marchand de cacahuètes
-de caca quoi?"
Et Dracula me direz vous, et vous n'auriez pas tort? On peut raisonnablement dire que Bela Lugosi et Christopher Lee
peuvent dormir sur leurs deux oreilles et rester au pieu, car ce vampire barbu et chevelu est aussi innofensif
que le peigne de Yul Brynner..
En conclusion, ce film est à mon sens un grand n'importe quoi mais savamment ordonné, qui se permet même une petite
ambiance à la "Hammer" avec la calèche, la forêt, et même un petit orage avec des éclairs (chapeau au gars des effets spéciaux)
ou les Charlots déambulent dans des situations burlesques saupoudrées de dialogues souvent absurdes
(absurde dans le sens noble du terme of course) et en plus qui finit bien
Peut être leur chef d'oeuvre, que j'attends un jour de voir rediffusé en prime time sur TF1