Stéphane Benassi, Séries et feuilletons TV : Pour une typologie des fictions télévisuelles

Un livre qui parle un peu des productions AB, et qui est consultable en ligne : ici

Citation :

Stéphane Benassi est Maître de Conférences en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Lille 3

Passage assez intéressant malgré l'inévitable verbiage universitaire. Cette analyse se base beaucoup sur le livre de François Jost et Gérard Leblanc (La télévision au jour le jour).

D'abord, c'est le refus de l'auteur d'utiliser le terme sitcoms ici : "Sitcom désigne un genre fictionnel à dominante sérielle, est donc impropre à désigner les fictions AB qui elles sont basées sur une logique feuilletonesque. Pour AB, utiliser le terme de sitcom est une dérive sémantique due à un manque de vocabulaire. Même si le terme funny soap est parfois utilisé pour les désigner (notamment par les responsables des programmes de TF1), nous préférons regrouper ces fictions feuilletonesques sous l'expression feuilleton AB."

L'auteur fait d'ailleurs la distinction entre donc des feuilletons AB tels que Hélène, Années Fac ou le Miel, et une sitcom comme les Filles d'à Côté. Dommage j'ai pas trouvé si il a expliqué pouquoi.

Les feuilletons AB sont "organisés autour d'un décor unique, présente globalement par un plan d'ensemble, entrecoupé de temps à autre par un plan moyen ou un gros plan soulignant la réaction d'un personnage (...) ici le nombre réduit des décors rapproche ces fictions des dramatiques des débuts de la télévision, tout en leur donnant un aspect sériel lié à la récurrence des lieux diégétiques d'un épisode à l'autre. Dans les feuilletons AB, la répétition et le ressassement des intrigues et des figures narratives, sont donc renforcés par cette immobilité géographique des actions qui se déroulent toujours dans les mêmes décors."

Plus original, l'analyse se poursuit sur ce que tout le monde ici a bien sur remarque : "L'espace ici réduit à trois côtés (il y a toujours un mur absent et toujours le même), est celui du plateau. Pas du plateau de théâtre de boulevard comme dans la sitcom où le décor est réaliste, mais du plateau de télévision : tout est schématique (formes, couleurs) et plutôt que de feindre la profusion ou le décor réel, on donne à voir un espace bien organisé, recourant au minimum d'éléments insignifiants, le tout baignant dans des couleurs criardes. Qu'il s'agisse des vêtements ou des décors, tout saute aux yeux."

"De plus chaque élément du décor, chaque objet, semble avoir dans l'espace une place fixe, déterminée une fois pour tout et immuable d'un épisode à l'autre, ce qui permet de renforcer cette récurrence des lieux et de donner au téléspectateur des repères précis en le plogenat chaque jour dans un espace connu et facilement identifiable."

"En faisant le parallèle avec certaines émissions pour enfants telles que le Club Dorothée, les deux auteurs constatent que l'esthétique des lieux diégétiques du feuilleton AB est calquée sur la décoration du studio de télévision : même absence de nuances, mêmes taches chromatiques dans l'écran. Et surtout, même disposition des personnages."